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Innovation, éducation, transport : les décideurs sont-ils à l’écoute?

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Nos leaders politiques sont-ils à l’écoute? Une quantité de chercheurs, professeurs, entrepreneurs, acteurs de l’économie font, tous les jours, des propositions, nous interpellent sur l’économie de demain, nous demandent de faire des choix pour améliorer notre économie à moyen et à long terme. Bien sûr, on peut stimuler l’économie à court terme avec un crédit d’impôt rénovation ou un investissement dans les infrastructures. Mais, comment relever les défis démographiques, écologiques, structurels de notre économie à long terme? Serons-nous encore coincés à 1 ou 2 % de croissance du PIB en 2020, en 2025, en 2030 parce que les choix qui s’imposent aujourd’hui n’auront pas été faits?

Je veux seulement vous donner trois exemples générés durant la seule journée de lundi dans le grand tout de notre actualité. Trois exemples de solutions qui demandent de la vision, de l’ambition et qui exigent de nos décideurs qu’ils laissent de côté la vision électoraliste et partisane à court terme. Trois exemples d’une économie à développer pour créer de la richesse, des emplois et une croissance durable : une stratégie d’innovation, un investissement massif en éducation et un virage en faveur du transport collectif.

  1. À RDI économie lundi soir, le nouveau président de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS), Frédéric Bouchard, a lancé un appel en faveur d’une stratégie de l’innovation au Québec. L’actuel gouvernement a mis de côté la stratégie déployée en 2013 par le gouvernement Marois. Et les secteurs innovation et recherche ont été séparés alors qu’ils étaient ensemble depuis 10 ans. Or, l’avenir passe par des liens plus serrés entre la recherche universitaire et l’innovation en entreprises, selon Frédéric Bouchard. Et il est nécessaire d’appuyer sur l’accélérateur, selon lui, parce que nos défis sont colossaux : vieillissement de la population, changements climatiques, dématérialisation de l’économie, etc.
  2. Dans une étude publiée lundi, le Centre sur la productivité et la prospérité (CPP) affirme que le Québec n’investit pas assez en éducation. « La proportion des jeunes Québécois de 15 à 19 ans qui évoluent en marge du système d’éducation est plus importante que dans une majorité de pays et le taux de diplomation universitaire y est aussi plus faible », écrit le CPP. C’est une évidence, c’est clair, c’est factuel. Comment une société peut espérer s’enrichir sans un investissement conséquent en éducation, en formation, dans ses jeunes? Le ministre des Finances a promis un « réinvestissement » en éducation dans le prochain budget. Mais, en réalité, la croissance des dépenses en éducation ne dépassera même pas le niveau d’inflation.
  3. Et puis, l’alliance Switch, qui regroupe des écologistes et des membres du patronat et des entreprises, invite le gouvernement à adopter une stratégie audacieuse pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports, qui ont augmenté de 26 % au Québec de 1990 à 2012. Trois propositions : appuyer les municipalités dans l’aménagement durable de leur territoire et le développement du transport collectif; financer davantage le transport collectif pour en augmenter l’offre; et miser sur l’aluminium dans la fabrication de véhicules, les biocarburants de deuxième génération ou le gaz naturel pour le transport routier.

Trop simple, vous allez dire. Je vous répondrai : trop compliqué dans les faits pour les décideurs politiques abonnés au court terme. Le ministre Leitao préfère nous dire que les exportations ne sont pas assez élevées, mais il évite de nous présenter une stratégie qui permettrait de placer les entreprises du Québec parmi les leaders du monde en matière d’innovation. Comme l’expliquait Frédéric Bouchard lundi soir, innover, c’est transformer un savoir, une connaissance en un outil, utile et créateur de richesse. Si on veut l’exporter, il faut l’inventer, le créer, le développer. Il faut une stratégie, nous a-t-il dit, pour soutenir les Serge Godin et Alexandre Taillefer de demain. Les idées doivent avoir des ailes.

Or, où en sommes-nous sur ce plan? Loin. Loin des meilleurs. Une étude américaine nous apprenait lundi que le Canada se positionne au 25e rang sur 56 pays développés du monde en matière d’innovation et de leur effet sur la croissance mondiale. Loin des premiers, la Finlande, la Suède, le Royaume-Uni, loin des États-Unis et de la France, aux 10e et 11e rangs.

À Davos, le premier ministre Justin Trudeau a dit qu’il fallait investir dans le savoir au Canada, pas seulement dans les ressources. Cette déclaration suscite un certain espoir chez les chercheurs et les innovateurs. Mais, tout reste à faire. Dans les faits, en ce moment, on parle d’infrastructures sans savoir dans quoi l’argent sera investi et jusqu’à quel point ça va stimuler l’innovation. Et surtout, on se chicane sur l’oléoduc Énergie Est, qu’on politise au maximum pour des points partisans. De plus, le Canada s’apprête à signer le Partenariat transpacifique sans en valider les répercussions sur l’économie et l’emploi. Une autre étude, d’ailleurs, vient d’être publiée aux États-Unis pour dire que le PIB va progresser plus rapidement avec cet accord de libre-échange, mais qu’aucun emploi ne sera créé. Et au Canada? Aucune idée!

Des idées, de la créativité, il y en a. Ce qu’il faut, c’est de la vision.


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